Une cathédrale désaccordée

Plan partiel de Notre Dame de Paris
Plan partiel de Notre Dame de Paris

A l’origine, en 1989, l’autel contemporain est placé au centre même du transept, sur une pyramide tronquée de quatre marches.

En 2004, Jean-Marie Lustiger demande à l’architecte Jean-Marie Duthilleul de le déplacer à la limite du transept et du chœur, sur un nouvel emmarchement.

Le désaccord perçu par l’officiant

Témoignage de Jean-Marie Lustiger :

 « Cela été une affaire terrible parce que… Maintenant, il va y avoir des modifications qui sont enfin possibles grâce à la Commission Supérieure des Monuments Historiques et à l’intelligence des Monuments Historiques qui ont vraiment compris qu’il fallait faire quelque chose et qui ont donné un accord qui m’était un signe vraiment d’un changement qu’il ne fallait pas laisser passer et qui respecte davantage l’édifice. Mais pour des raisons qui sont de l’ordre vraiment du respect un peu fétichiste de la conservation, on m’avait imposé pour l’autel de Notre-Dame, pour l’estrade s’entend, cette grande pyramide au centre de la croisée des transepts, ce qui sectionne la cathédrale en quatre et donne une espèce de pyramide imposante qui déséquilibre complètement la cathédrale. »

 

L’architecte choisi

Témoignage de Jean-Marie Duthilleul, architecte :

 « J’ai commencé à travailler avec le cardinal Lustiger, lorsqu’il m’a demandé lors des JMJ de 1997 à Paris, d’aménager les sites du Champs de Mars et de Longchamp pour accueillir les foules de jeunes autour du pape Jean-Paul II. Je m’occupais à cette époque d’organiser l’espace des foules car j’avais fait un certain nombre de gares ; c’est pour ça qu’il est venu me chercher. »

Le déplacement de l’autel et un nouvel emmarchement

Témoignage de Jean-Marie Duthilleul, architecte :

« Notre-Dame, sa cathédrale était pour lui un extraordinaire outil pastoral. Mais il lui sembla, dans les années 2000, qu’elle était comme un instrument désaccordé : nous avons donc « réaccordé » l’aménagement du chœur et du transept à l’architecture du lieu. Il considérait que l’échelle, les rythmes, les axes du bâtiment s’imposaient à lui et qu’il devait composer avec eux pour que les pierres portent le Message avec force et clarté. Il a donc avec nous patiemment écouté le bâtiment, son histoire, sa géométrie, pour mettre en place l’ordonnancement nouveau. Et à chaque célébration, c’est avec la plus grande concentration, avec la plus grande gravité qu’il jouait sur cette architecture, la partition divine. »

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