Esthétique de l’autel

Voici quelques composantes esthétiques de cet autel, illustrées par des témoignages des différents intervenants dans sa création.

Une collaboration

Cet autel est le résultat d’une collaboration spirituelle et esthétique entre Jean-Marie Lustiger et Jean Touret, deux hommes libres et vrais, soucieux de livrer leur vision. Nourris de leur foi en Dieu, ils ont partagé leurs questions et intuitions au sujet de la représentation du sacré, dans un mouvement mutuel d’approfondissement de la Parole et à la recherche de « signes »

Jean-Marie Lustiger était persuadé du pouvoir des arts plastiques pour partager sa foi, et servir la liturgie.

Cet autel a bénéficié des quinze années d’expérimentation et de création menées à Sainte Jeanne de Chantal, lorsque Jean-Marie Lustiger y était curé.

Lorsque Jean-Marie Lustiger a été  nommé archevêque du diocèse de Paris, il a voulu aménager  dans son église cathédrale un maitre autel définitif, en remplacement de l’autel provisoire érigé à proximité de la croisée de transept dans les années 1950, et répondre aux préceptes du concile de Vatican Il (1962-1965) favorisant la participation des fidèles à la messe.

Jean-Marie Lustiger s’est donc beaucoup impliqué dans ce projet.

Les dimanches soir,  il rejoignait dans la cathédrale vide Jean et Sébastien Touret qui avaient apporté des maquettes grandeur nature. Ensemble ils ont déterminé les dimensions et la matière de l’autel. Plusieurs itérations furent nécessaires pour vérifier son volume et sa visibilité dans l’espace du chœur.

Jean-Marie Lustiger a défendu ce projet auprès de l’administration des monuments historiques.

Jean-Marie Lustiger a ensuite suivi les différentes étapes de sa réalisation.

Enfin il a utilisé cet autel. Et fort de son expérience, il a en a fait modifier l’emplacement quelques années plus tard.

Conclusion

Jean-Marie Lustiger a été beaucoup plus que le commanditaire de cet autel. Il s’est impliqué personnellement et avec passion dans sa conception : il en est l’un des créateurs !

 

De l’Art contemporain dans un espace médiéval

Témoignage de Jean Touret :

« Il a été inspiré et poursuivi dans son exécution par le cardinal Lustiger :

Stabiliser un art contemporain dans un espace médiéval.., rassembler l’énorme affluence des humanités reçues.

En bronze, il doit être une vigoureuse et sobre présence parmi la puissance d’une si considérable architecture.

Hors de toutes soumissions décoratives, il centralise les hautes colonnes et la merveilleuse iconographie des vitraux. »

Formes

Des aplats d’inspiration cubiste. Une extrême sobriété des formes et une incisive précision des contours contribuent à donner à ces silhouettes une autorité rigoureuse, une présence « exacte », comme disait J. Touret, qui subjugue, et incite à la prière, et « qu’au-delà de l’objet, il soit vie pour Dieu » comme l’a souhaité Mgr Lustiger.

Volume

Témoignage de Sébastien Touret :

« Un jour, on a appris qu’il fallait faire un autel pour Notre-Dame. Un autel définitif, car je pense que l’autre n’était que provisoire. Donc nous avons commencé à étudier la forme, le volume, la matière de cet autel. C’était un long travail d’approche : il a fallu tout d’abord trouver des dimensions qui devaient être un peu particulières parce que placé dan Notre Dame, dans ce lieu-là, si vaste, il fallait une belle présence. Et je me souviens que le père Lustiger avait de premières idées de dimension de l’autel ; nous les avons vérifiés en exécutant des coffres en contreplaqué légers, que nous transportions dans Notre-Dame, le dimanche soir, après la messe, pour vérifier si ces dimensions étaient bonnes ou pas. Il y a eu plusieurs essais de faits… »

Hauteur

Témoignage de Jean-Marie Lustiger :

« … et on a tâtonné pendant des semaines, pour trouver le volume juste qui s’inscrivait dans l’architecture et qui permettait d’effacer « l’effet de pyramide », qui cassait l’effet de pyramide. Et ce n’est qu’en tâtonnant qu’on a découvert qu’il fallait faire un autel, non pas d’ 1 mètre, mais d’ 1m20, figurez-vous, c’est à dire d’ajouter une marche. »

Thème et matériau

Témoignage de Sébastien Touret :

« Il était question d’ajouter quatre personnages importants de l’Ancien Testament et quatre personnages importants du Nouveau Testament, donc ça faisait huit personnages à représenter sur cet autel. Il fallait qu’ils aient assez de volume, et assez de force pour être vus de loin et être visibles de partout.

Les premiers essais ont été faits en cuivre repoussé.

On a même fait une tentative de faire couler en bronze un bas relief en cuivre repoussé. Mais on n’avait pas assez de volume.

D’où l’idée de faire plutôt ces personnages-là en bronze, et pour ça de les tailler d’abord en bois et de les faire couler ensuite en bronze. »

Relief

Témoignage de Jean-Marie Lustiger :

 « Le dessin, Touret il l’a eu très vite, mais la question était : comment faire pour que cet objet résiste à tous les pièges de l’éclairage de sorte qu’il soit lisible dans sa symbolique et qu’en même temps, il reste discret. On était parti de quelque chose qui était quasiment un bas relief, pour passer à un haut-relief. Et de tâtonnement en tâtonnement, il donne des personnages qui donnent un relief suffisamment puissant, ce qui du coup rend les personnages perceptibles de très loin, sans pour autant s’imposer comme quelque chose de surajouté ; ça fait corps avec l’ensemble de l’objet. De la même façon les 20 cm rajoutés, qui se soldent par un marchepied, là aussi, un petit coup de génie qui permet de descendre les personnages jusqu’au ras du-sol. »

Structure de l’autel

L’autel est en bronze, mais les sculptures originales sont en bois, taillées dans une poutre datant de l’époque de François 1er.

Page suivante